(Informations élégamment mises à disposition sur internet par Fragonard, artisan parfumeur à Grasse)
La Distillation :
La technique de la distillation repose sur la capacité de la vapeur d’eau à capter les huiles essentielles.
Connue dès l’Antiquité, elle s’est perfectionnée dans la civilisation arabe à partir du 8ème siècle et reste aujourd’hui une technique majeure de la parfumerie traditionnelle.
Les fleurs ou végétaux divers à distiller sont placés sur un plateau perforé situé à la partie supérieure de la cuve d’un alambic remplie d’une eau portée à ébullition. En s’élevant, la vapeur dégagée s’imprègne au passage des principes odorants de ces plantes et les entraîne dans un serpentin où un système de réfrigération permet sa condensation. Le mélange d’eau et d’huile essentielle ainsi obtenu est alors récupéré dans des essenciers, encore appelés vases florentins, dans lesquels les deux liquides se séparent naturellement par différence de densité. Les huiles essentielles sont recueillies à la surface pour être utilisées en parfumerie, tandis que les eaux parfumées de certaines essences (eau de rose, eau de fleur d’oranger…) sont réservées à d’autres usages.
L’ Enfleurage :
La technique de l’enfleurage repose sur le pouvoir des corps gras à absorber naturellement les odeurs. Elle peut être pratiquée, selon la différence de résistance des plantes à la chaleur, à chaud ou à froid.
L’enfleurage à chaud ou macération consiste à faire infuser les fleurs ou autres éléments odorants dans des matières grasses, huiles ou graisses, préalablement chauffées. Les mélanges obtenus sont ensuite filtrés à travers des tissus afin d’obtenir des onguents parfumés. Cette technique connue dès l’Antiquité fut complétée au cours des siècles avec les progrès réalisés dans les autres méthodes d’extraction. Le lavage mécanique à l’alcool de ces pommades parfumées dans des batteuses permet ainsi de produire un extrait alcoolique parfumé après séparation des produits graisseux et alcooliques.
Les fleurs les plus fragiles, comme le jasmin, la tubéreuse ou la jonquille ne supportant pas d’être chauffées, se développa également la technique de l’enfleurage à froid. Très répandue dans la région grassoise jusque dans la première moitié du 20ème siècle, elle consiste à étaler une couche de graisse inodore sur les parois d’un châssis en verre que l’on recouvre ensuite de fleurs. Ces fleurs sont renouvelées jusqu’à ce que la graisse soit saturée de parfum. Les pommades parfumées obtenues peuvent être utilisées en l’état pour la fabrication de produits cosmétiques. Traitées à l’alcool dans des batteuses pour les décharger de leur graisse, elles permettent d’obtenir après évaporation une absolue.
L’extraction par des solvants volatils :
L’extraction par des solvants volatils consiste à dissoudre la matière odorante de la plante dans un solvant que l’on fait ensuite évaporer. Cette technique pratiquée dès le 18ème siècle avec de l’éther, produit coûteux et fortement inflammable, utilise de nos jours des solvants plus adaptés comme l’hexane ou l’éthanol.
Les végétaux sont placés dans d’énormes cuves en acier appelées extracteurs et soumis à des lavages successifs aux solvants qui se chargent ainsi de leur parfum. Après décantation et filtrage, le solvant est évaporé afin d’obtenir une sorte de pâte fortement odorante appelée concrète pour les fleurs et résinoïde pour la matière dérivée du traitement des plantes sèches (racines, mousses…).
Après une série de lavages à l’alcool dans des batteuses mécaniques et de glaçages, la concrète donne naissance à une essence pure appelée absolue.
Autres Techniques :
L’extraction au gaz carbonique supercritique consiste à utiliser comme solvant un dérivé du dioxyde de carbone dont la facilité d’élimination permet une production à moindre coût.
L’expression à froid est destinée aux seuls hespéridés (oranges, citrons, bergamotes…) dont les huiles essentielles se trouvent dans le zeste. Raclées manuellement ou mécaniquement, ces écorces délivrent un mélange d’huile odorante et d’eau. Cette matière est ensuite centrifugée et filtrée avant d’être concentrée.
L’infusion est plutôt destinée aux matières sèches (gousses de vanille…). Ces matières premières sont plongées pendant une longue période de plusieurs mois dans des solvants (alcool…) ne nécessitant pas ultérieurement d’élimination. Avec les progrès de la chimie moderne, ce procédé très coûteux n’est presque plus utilisé de nos jours.
Les nouveaux procédés chimiques répondent aux besoins toujours plus importants du marché et à une volonté de constance dans la composition et la qualité des produits de parfumerie.
Le fractionnement consiste à isoler les différents constituants des essences. Les isolats ainsi obtenus servent de base à la production de matières odorantes dont le parfum peut différer de celui de la plante originale. L’eugénol, extrait du clou de girofle, développe une odeur d’oeillet, alors que le citral, dérivé du lemongrass, offre un parfum de violette…
La chromatographie en phase gazeuse permet de recenser les molécules entrant dans la composition d’une odeur ainsi que leur dosage, afin de dupliquer ensuite cet assemblage.
Dernier né de ces techniques modernes, le headspace permet de capter au mieux, par le biais d’un gaz neutre, les molécules odorantes des fleurs les plus réfractaires aux procédés d’extraction précédents, comme le lilas ou le muguet. Après une analyse chromatographique, le travail du parfumeur consiste alors à les reproduire.
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